25.
un venin pernicieux

La maladie d’Onyx se mit à s’aggraver de plus en plus, si bien que le Roi des Elfes lui-même se déplaça pour voir ce qu’il pouvait faire. Il apporta avec lui des herbes qui étaient inconnues à la plupart des humains et concocta une boisson chaude que le malade devait ingurgiter plusieurs fois par jour. Le traitement le soulagea pendant un certain temps. Comme il ne mangeait presque plus, il n’avait plus la force de quitter son lit. Kira venait régulièrement lui transmettre une partie de sa force vitale, ce qui lui donnait l’énergie de combattre le poison, mais rien ne semblait vouloir l’éliminer.

Swan cessa de dormir dans le même lit que son mari, car tout mouvement du matelas lui causait de l’inconfort. Elle exigea aussi que Cornéliane ne s’approche pas trop près de lui.

— Je vais bientôt avoir douze ans et il ne pourra même pas m’embrasser, déplora l’enfant. Si au moins j’avais des dons de magie, moi aussi, je pourrais faire quelque chose pour le guérir.

Un matin, lorsque Swan vint voir comment Onyx se portait, elle découvrit que sa peau était devenue aussi blanche que la neige. Elle toucha son front. Il était glacial.

— Onyx !

Si ses yeux n’avaient pas remué dans leur orbite, elle l’aurait cru mort.

— Peux-tu bouger ?

Des larmes coulèrent sur le visage émacié de son mari. Swan, qui n’avait jamais éprouvé de peur sur un champ de bataille, se mit à trembler de frayeur. Hadrian ! appela-t-elle par télépathie. Onyx est à l’article de la mort… Elle se mit à pleurer à chaudes larmes, incapable de terminer sa phrase. Je veux voir mes enfants, fit alors la voix d’Onyx dans son esprit. Swan les fit tout de suite quérir par les serviteurs.

Puisqu’elle n’avait jamais appris à ne parler qu’à un seul interlocuteur à la fois, comme le faisaient Hadrian, Onyx et les enfants que ce dernier avait formés lui-même en magie, tous les Chevaliers entendirent aussi son appel à l’aide. Ne pouvant plus se déplacer avec des vortex, ceux qui restaient à l’autre bout du continent lui transmirent aussitôt une vague d’apaisement. Toutefois, ceux qui habitaient Emeraude foncèrent vers le palais.

Lassa, Kira, Liam et Mali arrivèrent en même temps que les quatre enfants du couple. En voyant son père en train de mourir, Cornéliane voulut se précipiter vers lui, mais Atlance la saisit par la taille et la souleva dans ses bras.

— Non… pleura la princesse.

Kira et Mali se mirent aussitôt au travail et bombardèrent le souverain de leur magie respective. Au bout d’un moment, Onyx arriva à prendre une profonde inspiration et à battre des paupières.

— Tu vois, il va déjà mieux, chuchota Atlance à l’oreille de sa petite sœur.

Bridgess et Santo arrivèrent à la course, et les deux magiciennes, à bout de force, leur cédèrent la place auprès du roi. Puis, ce fut au tour de Daiklan, Ellie, Bailey et Volpel de se joindre à leurs compagnons d’armes et de tenter de ranimer Onyx.

— Arrêtez ! ordonna une puissante voix d’homme dans la chambre bondée.

Ils se retournèrent tous en même temps vers l’entrée et virent approcher Mann. Vêtu d’une longue tunique rouge, ses cheveux blonds bouclés dépassaient ses épaules et il tenait un bâton de marche à la main. Il se rendit jusqu’au pied du lit et fixa le moribond dans les yeux pendant un long moment, sans que personne n’ose prononcer un seul mot.

— Les Enkievs ne vont pas au même endroit que tout le monde lorsqu’ils meurent, dit-il à Onyx.

— On ne veut pas qu’il meure, on veut qu’il vive ! s’écria Cornéliane en se débattant dans les bras de son frère.

— Laissez-le parler, exigea Swan.

— Vous êtes d’une race à part, Onyx d’Émeraude, poursuivit Mann sans s’occuper des autres. Vous êtes un descendant en ligne droite de Corindon.

Les enfants cherchèrent une explication sur le visage de leur mère qui se contenta de hausser les épaules.

— Le feu qui circule dans votre corps aurait tout de suite tué un homme normal, mais pas un magicien de votre trempe.

Le jeune Wellan se glissa alors dans la pièce, mais demeura près de la porte pour observer ce qui allait se passer.

— Contrairement à ce qu’on vous a enseignés, vous n’êtes pas tous des descendants des Enkievs. Ceux-ci ont été refoulés au sud par l’arrivée de nombreuses races en provenance de l’océan. Un seul village a tenu tête à cette colonisation et a gardé son sang le plus pur possible. Ce village, c’est le vôtre.

— Ne pourrait-on pas remettre la leçon d’histoire à plus tard ? se fâcha Fabian.

— Votre ancêtre Corindon a été tué parce qu’il était aussi puissant que vous, poursuivit Mann. C’est d’ailleurs ce meurtre qui a rendu les Enkievs méfiants vis-à-vis des gens des autres races. Vous êtes l’un de leurs fiers représentants.

L’augure marcha autour du lit, et les Chevaliers reculèrent pour le laisser passer. Le souverain le suivit des yeux.

— J’ai fait un rêve, lui dit Mann.

— S’il ne me concerne pas, je ne veux pas l’entendre, réussit à articuler Onyx. J’ai surtout besoin d’air en ce moment, pas d’une leçon de morale.

Wellan fit un geste discret de la main et les deux larges fenêtres s’ouvrirent, laissant entrer un délicieux vent frais.

— J’ai rêvé que vous unissiez un territoire encore plus grand qu’Enkidiev, continua l’augure.

— Je vais donc survivre à ce mal, conclut le roi en arquant un sourcil dubitatif.

— Ce ne sera pas facile.

— Rien ne l’est jamais.

Mann se tourna brusquement vers les enfants d’Onyx, tous rassemblés du même côté du lit.

— Un seul d’entre eux sera apte à régner, un jour, annonça-t-il.

— Ce sera moi ! s’exclama Cornéliane.

Un sourire de fierté se dessina sur les lèvres du souverain.

— Qu’arrivera-t-il aux autres ? demanda Fabian, même si Atlance et Maximilien auraient préféré ne pas le savoir.

Le silence de l’augure les mit tous mal à l’aise.

— Je pense qu’il est en train de rêver, dit Cornéliane à ses frères.

Le regard de Mann s’éleva au-dessus de l’assemblée et s’arrêta finalement sur le jeune Wellan qui épiait la scène depuis l’entrée de la chambre.

— Un héros dans un corps d’Enkiev, murmura l’homme, comme s’il se parlait à lui-même.

Wellan avait suffisamment joué au héros durant sa première vie et cela ne faisait certainement pas partie de ses plans pour la seconde. Tout ce qu’il voulait, c’était mener une vie normale.

— Tu retrouveras enfin tes frères qui errent dans un monde que vous ne connaissez pas encore et tu éclaireras leurs pas.

— Mes frères ? s’étonna Wellan. Mais ils vivent déjà ici !

— Pas ceux-là. Tu es relié au Grand Roi par ton sang et tu lui seras d’un précieux secours.

— Je ne comprends rien à ce que vous dites, intervint Kira pour que l’augure ne donne pas d’idées saugrenues à son aîné.

— Tout deviendra plus clair lorsque les événements se produiront.

— Vous n’avez pas répondu à la question de mon fils, s’imposa alors Swan. Qu’arriver a-t-il à mes enfants, outre celui qui accédera au trône ?

— L’un d’eux joue actuellement avec le feu.

Fabian comprit immédiatement qu’il parlait de lui.

— Lorsque les dieux s’intéressent aux hommes, ils ont toujours quelque dessein secret. Avant de signer un pacte avec eux, mieux vaut se renseigner.

— Continuez, exigea la reine.

— L’un des deux autres préférera vivre dans l’anonymat.

— Et le troisième ?

— J’aperçois une grande destinée pour celui-là, mais pas ici.

— C’est plutôt vague comme prédiction, fit remarquer Bridgess.

— Je ne peux pas voir au-delà de mes rêves.

— C’est bien dommage, laissa tomber Atlance qui était encore plus confus au sujet de son avenir qu’il ne l’était avant l’arrivée de Mann.

L’augure pivota de nouveau vers Onyx qui pâlissait à vue d’œil.

— Tenez bon, sire. Votre vieil ami arrive.

— Hadrian ? demanda le roi, dans un souffle à peine audible.

Il n’avait pas fini de prononcer son nom que, tenant dans ses mains une gourde de peau, l’ancien Roi d’Argent se précipitait dans la pièce, Jenifael à ses côtés. Sans se préoccuper de tous ceux qui entouraient Onyx, Hadrian s’assit sur le lit près du malade et l’aida à s’asseoir.

— Il était temps que tu arrives, grommela son ancien lieutenant.

— Tu sais aussi bien que moi qu’on ne peut pas accélérer la fabrication d’une potion.

— C’est toi qui…

— Tais-toi et bois.

« Il n’y a que lui qui puisse lui parler sur ce ton sans se faire trucider », songea Swan. Hadrian déboucha la gourde et la porta aux lèvres de son ami, l’obligeant à en boire tout le contenu, une gorgée à la fois.

— J’ai rarement goûté à quelque chose d’aussi amer, grimaça Onyx, une fois qu’il fut recouché dans son lit.

— C’est parce que ce n’est pas du vin, commenta Cornéliane.

— Cet antidote ne neutralisera qu’une partie des poisons, les informa Hadrian.

— Les poisons ? répéta Swan. Combien y en a-t-il ?

— Plus d’une vingtaine.

Hadrian se tourna vers tous ceux qui étaient venus aider Onyx.

— Sans vouloir vous chasser, j’aimerais que vous nous laissiez seuls pour la prochaine étape du traitement.

Mali prit aussitôt les choses en main et poussa tout le monde dehors. Seule Swan refusa de quitter le chevet de son mari, La prêtresse s’inclina pour la saluer et referma les portes de la chambre.

— J’aurais dû te demander ce qui va m’arriver avant de boire ta mixture, geignit Onyx qui sentait son estomac se tordre.

— Swan, je comprends que tu veuilles rester, mais ce qui va se passer sera très dangereux.

— Je ne manque pas de courage. Dis-moi seulement où je dois me tenir pour ne pas vous nuire.

— L’endroit le plus sûr, c’est derrière Jenifael.

— Hadrian ? s’alarma Onyx.

— Tu vas ressentir de terribles crampes, lui expliqua-t-il en rabattant les couvertures pour dénuder sa poitrine.

— Le poison va-t-il sortir par ma bouche ?

— Pas selon ce que les Elfes nous ont dit.

— Qu’est-ce que les Elfes viennent faire là-dedans ?

Onyx poussa un grondement rauque digne d’un grand fauve.

— Ça commence, signala Jenifael.

Hadrian sortit sa dague de sa gaine pendant que son ami ne se méfiait de rien. Il était important qu’il le prenne par surprise, car les réflexes guerriers de ce dernier étaient particulièrement aiguisés, même lorsqu’il était à l’article de la mort. Puis, d’un geste rapide, Hadrian planta la lame au milieu de la poitrine d’Onyx.

— Mais qu’est-ce que vous faites ? hurla Swan.

Jenifael l’empêcha de s’en prendre à l’ancien Roi d’Argent qui maintenait la lame dans la chair du roi, dont les yeux écarquillés marquaient la stupéfaction la plus totale.

— Pourquoi ? murmura Onyx, sidéré.

— Ne parle pas, ne bouge pas et fais-moi confiance.

Hadrian attendit patiemment les convulsions dont lui avait parlé Moérie. Derrière Jenifael, Swan pleurait à chaudes larmes. Dès la manifestation du premier spasme, Hadrian retira la dague. Au lieu d’un flot de sang, le liquide qui jaillit de l’entaille était verdâtre et nauséabond, et au lieu de retomber sur l’abdomen d’Onyx, il s’éleva de plus en plus vers le plafond. Jenifael tendit les mains vers le poison, mais attendit qu’il cesse de gicler de la plaie avant de l’attaquer avec toute la puissance ignée qu’elle possédait. Lorsque les flammes entrèrent en contact avec le venin, il se produisit une terrible explosion qui secoua tout le palais. Quelques secondes plus tard, Onyx et Hadrian se retrouvèrent sous une pluie de cendres semblable à celle qui suivait les éruptions volcaniques.

Heureusement, l’ancien roi avait eu le réflexe d’appuyer la paume sur la blessure et de la refermer pour que rien ne puisse s’y glisser.

— Tu m’as poignardé ! hurla Onyx en secouant la tête pour se débarrasser des flocons gris qui recouvraient son visage.

— J’ai suivi les indications des Elfes, répliqua Hadrian.

— Tu aurais pu me prévenir !

— J’avais très peu de temps pour te débarrasser des poisons.

— Es-tu en train d’insinuer que je suis lent d’esprit ?

— Onyx, calme-toi, s’en mêla Swan pour désamorcer cette querelle inutile.

Elle contourna Jenifael et tenta de le nettoyer avec ses mains, mais ne parvint qu’à le barbouiller davantage.

— Laissez-nous un moment, les pria la reine. Et demandez aux serviteurs d’entrer.

Hadrian et Jenifael firent ce qu’elle demandait. Dès qu’ils eurent quitté les lieux et que les domestiques se furent alignés au pied du lit, Swan demanda à ces derniers de nettoyer la chambre et de remplir d’eau chaude le bassin dans la pièce voisine, puis elle aida Onyx à se lever. Affaibli, il eut de la difficulté à mettre un pied devant l’autre, mais fit de gros efforts pour la suivre dans leurs bains privés. Elle le soutint tandis qu’il descendait en tremblant les marches qui menaient à l’eau qui s’accumulait de plus en plus dans la grande baignoire. Elle l’aida à s’asseoir et commença à le laver avec une éponge douce et beaucoup d’amour.

— Tu aurais dû enlever tes bottes et tes vêtements avant d’entrer dans l’eau, lui fit remarquer Onyx qui sentait sa tête tourner.

— Ferme la bouche.

Elle pressa l’éponge au-dessus de sa tête pour débarrasser ses cheveux et son visage de la cendre. « Si je suis libéré du poison de la lance, alors pourquoi mon corps me fait-il tant souffrir ? » se questionna Onyx.

— Tu es immobile depuis des mois, répondit Swan à sa question silencieuse. Tu vas devoir rééduquer tes muscles.

— Je ne suis pas certain de vouloir commencer tout de suite.

— Il va aussi falloir que tu recommences à manger, sinon tu n’auras jamais assez d’énergie pour lever un orteil.

L’eau que les servantes continuaient de verser dans la baignoire était de plus en plus chaude, ce qui permit finalement à Onyx de se détendre. Swan s’assit alors derrière lui et l’appuya contre sa poitrine.

— Je sais mieux que personne que tu peux surmonter n’importe quoi, mais j’ai vraiment eu peur que tu nous quittes, avoua-t-elle.

— Je me serais réfugié dans un objet en attendant de prendre possession d’un autre corps.

— Comme qui ?

— Quelqu’un qui a le même sang que moi, probablement Atlance.

— Ça, non ! protesta sa femme. J’ai accepté beaucoup de tes impairs depuis que nous sommes mariés, mais le meurtre de mon fils, jamais !

Il se mit à rire tout bas, même si la moindre contraction de son abdomen le faisait terriblement souffrir.

— Je suis sérieuse, Onyx, l’avertit Swan.

— Ce que j’aime chez toi, c’est ton caractère passionné.

— Tu ne réussiras pas à m’amadouer.

Une fois qu’il fut bien propre et plus détendu, Swan entreprit de lui faire remonter les marches, malgré la lourdeur de ses propres bottes remplies d’eau. Elle le fit s’allonger sur la table de massage et le couvrit d’un drap de bain, puis se débarrassa de ses vêtements qui lui collaient à la peau. Elle avait pris un peu de poids après la naissance de Cornéliane, mais Onyx ne put s’empêcher de constater qu’elle était encore la plus belle femme du monde.

Après que Swan eut changé de tunique, elle alla s’assurer que le lit avait été refait. Satisfaite, elle demanda aux serviteurs d’y transporter son mari. Onyx émit des plaintes sourdes lorsqu’ils le soulevèrent, puis le déposèrent dans les draps odorants.

— Va chercher Hadrian, ordonna-t-il à son épouse.

— Pour que tu lui fasses un mauvais parti alors qu’il t’a sauvé la vie ? Pas question.

— Je dois lui parler.

Swan sonda ses intentions et elles ne lui semblèrent pas agressives.

— Tu finis toujours par gagner, bougonna-t-elle en se dirigeant vers la porte.

Onyx tenta de se guérir lui-même, comme il le faisait jadis, mais il s’aperçut rapidement que son niveau d’énergie vitale était encore trop bas. Il arrêta donc de bouger et se concentra sur sa respiration. Quelque temps plus tard, Hadrian entra dans la pièce en transportant un plateau de bois.

— Je ne veux pas manger, je veux boire, l’avertit Onyx.

— Chaque chose en son temps, mon frère.

Hadrian déposa la nourriture sur une table non loin du lit, se tira une chaise et s’assit au chevet du Roi d’Émeraude.

— J’aurais vraiment aimé que tu m’avertisses avant de me planter un couteau dans le corps, maugréa Onyx. Sais-tu seulement comment on se sent lorsqu’on est ainsi agressé par son meilleur ami ?

— Non, mais j’imagine que c’est un peu paniquant.

— Un peu ?

— Si tu le veux bien, j’aimerais t’expliquer ce qui va maintenant se passer.

Onyx fronça les sourcils avec contrariété, mais demeura muet.

— Les Elfes ont réussi à identifier tous les poisons dont était imbibée la pointe de la lance et ils sont parvenus à préparer un premier antidote.

— Un premier ?

— Tu as été débarrassé de la majorité des substances toxiques qui s’apprêtaient à te tuer, mais il en reste encore une que nous ne pourrons extraire que si je trouve une certaine fleur absolument essentielle à la fabrication du deuxième antidote.

— Si vous n’avez pas déjà mis la main dessus, c’est qu’elle n’existe pas à Enkidiev, n’est-ce pas ?

— Elle ne pousse qu’au pied des volcans du sud.

— Tu vas envoyer les Fées la chercher ?

— J’ai effectivement pris le temps d’en faire la demande au Roi Tilly, mais aucun de ses sujets ne veut s’aventurer aussi loin.

— Il n’y a pas d’autres peuples qui possèdent des ailes. Qu’en est-il du dragon du fils de Falcon ?

— Il n’est pas assez fiable. Apparemment, lorsqu’il est fatigué, il se pose et il dort. La Forêt Interdite et le Désert sont trop dangereux pour y envoyer un animal qui n’obéit pas à son maître au doigt et à l’œil.

— Si tu réfutes tout ce que je dis, c’est que ton plan est déjà arrêté, finit par comprendre Onyx.

— J’ai l’intention de me rendre dès demain à Zénor pour affréter un vaisseau et naviguer vers le sud afin de contourner le Désert.

— Tu vas aller chercher toi-même cette fleur ?

— Sans elle, tu ne guériras jamais.

— Faudra-t-il une autre opération qui t’obligera à me poignarder ?

— Je souhaite que non, mais ce sont les Elfes qui m’indiqueront comment m’y prendre. Ce sont eux les experts en la matière. Maintenant, il faut que tu manges.

Avec peine, Onyx se décolla de ses oreillers et se pressa contre Hadrian qui, à son tour, le serra avec affection.

— Merci d’être arrivé à temps, s’épancha Onyx.

— Tu sais bien que je ferais n’importe quoi pour toi, vieux frère.

Pendant que l’ancien Roi d’Argent s’occupait de leur père, les fils d’Onyx interceptèrent l’augure avant qu’il puisse quitter le palais. Mann s’arrêta devant les trois jeunes gens qui bloquaient la sortie.

— Nous voulons obtenir plus de précisions sur notre avenir, lui dit Fabian.

— Je ne peux pas voir au-delà de mes rêves.

— Vous avez pourtant parlé de dieux et de jouer avec le feu, lui rappela Atlance.

— Nous pensons que vous en savez plus long que ce que vous nous dites, ajouta Maximilien.

— Il est préférable que je ne vous dévoile pas tout, car l’avenir peut encore changer.

Mann voulut contourner les trois princes, mais ils se resserrèrent pour ne pas le laisser passer.

— Etes-vous en train de me menacer ?

— Nous préférerions ne pas en arriver là, répondit Fabian.

— Dites-nous la vérité et nous vous laisserons partir, Chevalier Mann, précisa Atlance.

— Si j’ai un conseil à vous donner, c’est de ne pas suivre le même chemin que votre père. La force n’est pas un bon moyen de persuasion.

— Comme mon frère vient de vous le dire, ce sera notre dernière arme, réitéra Maximilien.

L’augure s’appuya sur son bâton de marche en les observant un à un.

— Si c’est ce que vous voulez.

— Et pas de subterfuge, l’avertit Fabian.

— Vous vous adressez à un Chevalier d’Emeraude, jeune homme.

— Et vous à trois princes au bord de la panique, ajouta Maximilien.

Le regard de Mann s’arrêta d’abord sur Atlance.

— Tu ne régneras pas sur Émeraude, à moins que la mission du Roi d’Argent soit un échec.

— Quelle mission ? s’étonna Atlance.

— Il reste encore du poison dans les veines de votre père, mais l’antidote qui pourrait l’en débarrasser se trouve sur un autre continent.

— Alors, Hadrian à l'intention d’aller le chercher, comprit-il.

— Son dévouement et sa loyauté devraient vous servir d’exemple.

— C’est donc moi celui qui vivra dans l’anonymat.

L’augure garda le silence, conscient d’en avoir déjà trop dit.

— Et moi ? le pressa Maximilien.

— Tu iras chercher fortune très loin d’ici.

— Je renierai ma famille ?

— Ton sang n’est pas le leur. Lorsque tu le comprendras, tu t’éloigneras.

Maximilien sentit son cœur se serrer dans sa poitrine, comme si cet homme confirmait quelque chose dont il s’était toujours douté. L’augure planta alors son regard dans celui de Fabian.

— Ce que tu fais est très dangereux, le mit-il en garde.

— On m’a appris à adopter une attitude inquisitrice dans la vie, se défendit Fabian.

— On aurait dû aussi te prévenir que certains pouvoirs n’appartiennent pas aux hommes.

— Dans ce cas, pourquoi nous les offre-t-on ?

— Les dieux voient plus loin que nous. Tous leurs gestes servent un but précis. Prends garde.

— Donc, il y a encore une chance que son avenir soit différent selon sa décision, voulut s’assurer Atlance.

— Le futur est toujours en mouvement.

Mann décolla son bâton de son corps et une puissante force écarta les trois princes, libérant la porte. Avant que ces derniers puissent se précipiter sur lui, il avait disparu.

 

Renaissance
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